9 décembre 1974

A l'hôpital de Genève, première étape pour le système Diogène

01 Informatique No. 312

A terme: l’infirmière au terminal

A l’occasion des journées de l’Association Suisse Pour l’Automatique (ASPA) tenues à Genève sur le thème de l’informatique médicale, l’hôpital de cette ville a inauguré, il y a peu de temps, son nouveau centre de calcul où Control Data vient d’installer plus de la moitié du matériel destiné au système Diogène.

Ainsi se concrétise la première phase du projet Diogène, vaste système intégré d’information hospitalier, qui se situe à l’avant-garde des projets élaborés dans le domaine de la santé, en Europe comme aux États-Unis.

Dès 1969, le plan de réalisation d’un tel système était établi en vue de faire face a l’accroissement prévu de la population de Genève et pour diminuer la durée moyenne des hospitalisations.

En mai 1973, Control Data était sélectionné pour réaliser un tel système pour lequel un prêt de 25 millions de francs suisses a été accepté par quatre grandes banques genevoises à la demande du département de la prévoyance et de la santé publique de Genève.

Près de la moitié de ce montant doit revenir au constructeur. Conformément au planning établi, Control Data vient de livrer un Cyber 72 d’une mémoire de 98K mots de 60 bits, auquel sont adjoints une extension mémoire de 25K (ECS) 6 dérouleurs de bande, 6 unités de disques soit 670 millions de caractères, une console opérateur, une imprimante rapide et un lecteur de cartes. La configuration, qui comprendra aussi un Cyber 72/16, sera livrée dans le courant de 1977, date présumée de l’entrée en production du système Diogène pour l’ensemble de l’hôpital cantonal.

Le projet Diogène couvre la prise en charge en temps réel de toutes les informations relatives à sept grands domaines d’applications:

  • l’admission d’un patient a l’hôpital, l’aspect hôtelier de son séjour, sa sortie;
  • les demandes d’examen de laboratoire, la collecte des résultats et leur archivage;
  • les prescriptions de médicaments pharmaceutiques;
  • l’organisation des rendez-vous pour des consultations spécialisées;
  • l’édition de graphiques relatifs au séjour du patient et l’évolution de sa maladie;
  • la gestion administrative et comptable liée aux six domaines précédents. y compris la gestion des stocks.

Chacune des applications citées a été considérée à un triple point de vue: ses fichiers spécifiques, ses fonctions externes, ses documents édités. Cette analyse a conduit à effectuer une véritable structuration des fichiers logiques de la banque de données.

La philosophie du projet Diogène est axée sur l’importance de l’infirmière au sein de l’hôpital. Toutes les informations et tous les traitements transitent par son intermédiaire. C’est pourquoi la saisie des données a été concentrée au niveau des 120 postes d’infirmières qui comprennent chacun un téléphone, un écran et une imprimante. Afin d’éviter totalement les problèmes posés par la manipulation de terminaux par les infirmières, assez réticentes à leur usage, un pool d’opératrices (24 en période de pointe) répond à leurs appels téléphoniques et effectue les demandes et les réponses au système sur des écrans interactifs sensibles au toucher. Les messages s’inscrivent en même temps, sur l’écran de l’opératrice et celui de l’infirmière et sont édités après avoir été enregistrés sur la petite imprimante de l’infirmière. Cette contrainte a déterminé un temps de réponse d’une seconde dans 99% des cas. Toute la conception du système tourne autour de cette exigence essentielle.

Par ailleurs, des études statistiques ont permis d’analyser les composantes des pics d’activité dans la vie de l’hôpital au cours de la journée (entre 10 et 12 heures et entre 16 et 18 heures) et au cours de la semaine, le lundi étant la journée la plus chargée. Le système doit être à même d’assumer sans failles l’activité maximum de l’hôpital.

Le logiciel d’exploitation et de télécommunication (time-sharing et temps réel) est développé par Control Data. Le logiciel des applications, dont le compilateur de l’arbre de capture, est réalisé par la division d’informatique de l’hôpital, qui compte actuellement 40 personnes et dont l’effectif sera porté à 60 en 1975.

Il est actuellement fortement question de substituer au système d’exploitation TOOS (Transaction Oriented Operating Systern) dont une partie a été développée pour le projet Ubisco de l’UBS à Zurich, le système NOS (Network Operating System) qui n’est autre que le système Kronos 2,7. Control Data développe ce système comme standard de base pour l’ensemble de sa gamme 6000. En effet, les travaux relatifs à TOOS sont arrêtés depuis la décision d’UBS d’interrompre son contrat avec Control Data. Par ailleurs, les performances de NOS sont encore insuffisamment déterminées. Satisferont-elles à la contrainte du temps de réponse de une seconde exigée par le cahier des charges du projets Diogène? L’avantage de NOS est, qu’étant tout à fait standard, il permet de considérer sans problèmes, d’une part l’échange des Cyber 72 contre des Cyber 172, sortis depuis six mois et dont les performances sont supérieures aux Cyber 72 et, d’autre part, l’adoption du nouveau système standard front-end Control Data, susceptible de supporter toute la charge du réseau hospitalier de télécommunications. Ce n’est que dans la dernière phase du projet que seront sélectionnés, en fonction des derniers développements de la technologie, les différents terminaux, écran interactif, écran et téléimprimante, qui seront situés dans le pool des opératrices et dans les postes d’infirmières.

Marielle Stamm