10 juillet 1978

IMMM à Genève pour la 2e fois - Majorité d'acheteurs OEM parmi les 5'200 visiteurs

01 Informatique No. 496

Genève transformée en plaque tournante de la micro-informatique européenne, pour trois jours? Tel était en tout cas le vœu des organisateurs d’IMMM, Kiver Communications, qui ont attiré, à cette deuxième exposition, 5’255 visiteurs. Malgré une surface accrue de 1’420m2 et un nombre plus important de stands qu’en 1977 (96 au total), le nombre des visiteurs n’a pas augmenté de manière spectaculaire (4’676 l’an dernier).

IMMM à Genève en 1978
IMMM à Genève en 1978

La concurrence de Computer 78 qui avait lieu deux semaines avant en est-elle la cause? Vraisemblablement pas, car le profil des visiteurs (on dénombrait d’ailleurs beaucoup d’étrangers venus de 31 pays) différait sensiblement selon l’exposition. A l’utilisateur final, prospect type de Computer 78, s’est substitué l’acheteur OEM industriel ou société d’engineering et de service, client d’IMMM. Pour le premier, à Beaulieu, des stands décorés et attractifs, pour le second, au Palais des expositions, des boxes anonymes tapissés de jute triste pour loger une multitude de matériels plus ou moins nouveaux dont la visite exhaustive méritait certes plus de trois jours.

Des petits systèmes de gestion « égarés »

Certains pourtant s’y sont trompés et avaient reconduit leur stand de Computer 78, tel Data General montrant le nouveau CS 20 et le CS 40, ou Sen Electronique exposant le BCS 80, petit système de gestion basé sur le mini-ordinateur Helvet 1 (copie « presque » conforme du Nova 3). D’autres avaient même préféré IMMM, tel Computer AG qui exposait le Daisy Systems 2500, ou Intertest qui présentait l’Informer 2000, un petit système monoposte de sa composition avec clavier, écran et disquette pour lequel a été développé tout un ensemble de logiciels d’application destinés au marché suisse.

Foisonnement des micros

Les visiteurs type d’IMMM, OEM en majorité, nous l’avons vu, s’intéressaient beaucoup plus aux micros pouvant servir de base à leur propre système.

Dans ce domaine, Data General, avec le MBC/1 annoncé et présenté pendant l’exposition, pénètre le marché des ordinateurs 16 bits sur une carte. Plessey proposait Micro 1, système basé sur le LSI-11, dont le répertoire de plus de 400 instructions est celui du PDP 11/35. Déjà vu, l’an dernier au premier IMMM, le micro-système Panel 802, de la société suisse Panel à Préverenges, fonctionne sur standard mubus et se présente aujourd’hui avec une dizaine de cartes dont deux unités centrales différentes, 6800 et 8080.

L’informatique individuelle

Pas de grand public encore en Suisse pour l’informatique individuelle, mais un élargissement du marché des amateurs avec l’expansion des microclubs et des computer boutiques. C’est à eux que s’adresse le Pet de Commodore commercialisé depuis peu par la société Elbatex de Wettingen qui le vend au prix attractif de 2’900 CHF. Comme le Pet dont l’apparence soignée diffère peu d’un calculateur de table, l’Apple Il (premier prix 3’565 CHF) s’adresse surtout à l’amateur désireux de développer sa propre application, fût-elle de gestion domestique. Ainsi Sodipec, qui le commercialise, démontrait un programme destiné à gérer la comptabilité d’un carnet de chèques. Tout autre est la vocation du Dauphin qui s’adresse plutôt à l’amateur de hardware, voulant se familiariser à la manipulation de microprocesseurs. Dauphin, qui poursuit chez Stoppani une carrière commerciale très satisfaisante, est aujourd’hui doté d’un « Tiny Basic » qui occupe 2K en mémoire.

Développé comme le Dauphin par le laboratoire de calculatrices Digitales du professeur Nicoud à l’EPFL, Smaky 6, appelé aussi Faucon, est un système micro-ordinateur basé sur Z 80 avec écran alphanumérique ou graphique, clavier, mémoires et interfaces variées. Il peut être aussi bien utilisé comme système individuel, que comme terminal intelligent ou aussi comme système de développement de programme pour Z 80. Encore au stade du prototype, Faucon est aujourd’hui à la recherche d’un « promoteur » qui le produira en série et en assurera la commercialisation.

Des systèmes de développement universels

Conçus pour faciliter l’élaboration des programmes et l’intégration des matériels et des logiciels à l’aide de tests effectués à différents stades de la réalisation, les « systèmes de développement » à base de microprocesseurs sont devenus une nécessité. La plupart d’entre eux cependant se limitent à un seul microprocesseur. D’où l’intérêt des systèmes de développement dits « universels » parce qu’ils s’adaptent à plusieurs microprocesseurs.

Dans la même allée de l’exposition, et face à face, étaient exposés les Microprocessor Labs 8001 et 8002 de Tektronix et le Futuredata que distribue en Suisse Intertest, tous deux systèmes universels.

Le département instrumentation de Tektronix vient de libérer, en Suisse, les deux versions du Microprocessor Labs 8001 et 8002 s’adaptant au choix aux 8080, 6800, Z 80, 9900 et 8085. Le système 8001 est conçu pour être connecté à un ordinateur, le système 8002 doté d’unités de disquettes fonctionne en stand alone.

Le Futuredata qui s’adapte aussi aux 8080, 8085, 6800 et Z 80, est proposé avec une mémoire centrale extensible jusqu’à 48 Kb et des mémoires de masse diverses, cassettes ou disquettes. De plus, le système double permet le travail de deux ingénieurs de conception sur deux postes reliés à un seul microsystème. Et cela sur les logiciels des quatre microprocesseurs cités en même temps.

A l’issue de la visite d’IMMM, une constatation s’impose: plus encore peut-être que dans le domaine des grands ordinateurs, celui des minis et des micros est dominé par les produits d’origine outre-Antlantique, dont les plus connus sont aujourd’hui représentés en Suisse comme chez nos plus grands voisins. Des outsiders toutefois s’intéressent aussi à notre pays. Ainsi le constructeur israélien Elbit qui a récemment chargé Datatech à Zurich de commercialiser ses produits. Il propose aujourd’hui les terminaux DS 1920 et DS 377 (compatibles IBM 3277). Mais le petit système de gestion Pact, dont la production suit difficilement la demande, ne sera annoncé en Suisse qu’au début 1979.

Quant aux quelques produits suisses, ils commencent à se faire connaître et apprécier, tels le Helvet de Sen, le Dauphin, chez Stoppani, le micro de Panel ou encore les imprimantes Print Swiss de Wenger. Mais si la qualité supporte sans problèmes la comparaison avec les matériels étrangers, les problèmes de production ou de commercialisation devront encore, pour la plupart d’entre eux, être résolus.

Marielle Stamm