14 avril 1975

Les ordinateurs en Suisse - Enquête de l'IAUF

01 Informatique No. 330

En 1974, l’Institut pour l’Automation et la Recherche Opérationnelle de l’Université de Fribourg (IAUF) a entrepris une nouvelle enquête sur les ordinateurs en Suisse. Il s’agit de la sixième enquête de ce genre entreprise par l’IAUF. La première a eu lieu en 1967 et elle avait été mise à jour en 1968. Ces deux premières enquêtes étaient basées sur le procédé de la boule de neige : un petit groupe d’entreprises ayant un ordinateur avait été contacté et prié de nous fournir les adresses d’autres entreprises ayant aussi un ordinateur. Ce procédé peut donner lieu à des erreurs, si le premier groupe se compose d’entreprises utilisant des ordinateurs d’un seul constructeur.

Pour cette raison, en 1969-70 on a utilisé un autre procédé et choisi un échantillon au hasard parmi les entreprises suisses. Pour assurer de meilleurs résultats, on a pris toutes les entreprises ayant une certaine grandeur, et toutes les grandes banques et assurances, ainsi que les banques cantonales.

L’Enquête de 1974, dont voici les premiers résultats, est basée sur 18 025 entreprises. Parmi ces entreprises nous avons choisi toutes celles ayant plus de deux cents employés, ainsi que toutes les grandes banques et banques cantonales. Le nombre de ces entreprises était de 1 895. Des 16 170 entreprises restantes nous avons choisi au hasard un échantillon de 5 %, c’est-à-dire 807 entreprises. De ce fait, notre enquête est basée sur 2 702 entreprises au total.

A ces 2 702 entreprises nous avons envoyé un questionnaire assez volumineux. En tout, 80 % de ces questionnaires nous ont été retournés. ce qui signifie un taux de réponses très élevé.

Quels sont les résultats de cette récente enquête ? En juillet 1974 il y avait, en Suisse, 2 140 ordinateurs installés. Presque la moitié de ces ordinateurs était installée en Suisse nord-est et un quart en Suisse d’ouest. Il est vrai que le nombre d’entreprises est différent d’une région à l’autre. Le tableau 1 nous donne une image de la répartition des ordinateurs d’après régions.

Tableau 1

En moyenne, il y a plus d’un ordinateur par entreprise. La plupart des entreprises n’utilisent qu’un ordinateur, mais par contre d’autres en utilisent plusieurs.

Tableau 2


La moitié des ordinateurs installés en Suisse sont des ordinateurs IBM. Les constructeurs les plus connus en Suisse sont avec IBM, NCR, Honeywell-Bull et Univac réunissant 86 % des ordinateurs.

Tableau 3


Une entreprise utilisant un ordinateur a besoin d’un personnel qualifié Celui-ci se compose de différents spécialistes dont la qualification est différente selon la taille de l’ordinateur.

Tableau 4


Parmi ces spécialistes il y a 722, soit 6% d’universitaires. Ce pourcentage peut sembler bas, mais lorsqu’on sait que ce pourcentage est pour toute la population de 3%, on peut considérer qu’il est très haut. Il serait probablement plus haut, s’il y avait plus de possibilités de formation informatique dans les universités.

L’éventail des salaires de ces spécialistes n’est relativement pas très large. Salaires moyens par mois:

  • Organisateurs, analystes: 3 853 CHF
  • Analystes-programmeurs: 3 218 CHF
  • Programmeurs: 2 680 CHF
  • Opérateurs: 2 285 CHF
  • Perforatrices: 1 752 CHF

En 1961, il y avait 26 ordinateurs en Suisse. Deux ans plus tard, il y avait déjà 172 ordinateurs. Le cap des mille ordinateurs a été atteint en 1969, et en 1974 celui des deux mille a été dépassé. En suivant l’évolution des ordinateurs en Suisse, on s’aperçoit que les mini et les micro-ordinateurs sont de plus en plus demandés. La possibilité du télétraitement est de plus en plus employée. C’est ainsi que le nombre des terminaux en Suisse était au milieu de l’année 1974 de 4 690, soit le double du nombre des ordinateurs. On constate aussi une certaine saturation du marché des ordinateurs, ce qui n’est pas surprenant puisque la Suisse est un des pays les plus automatisés en Europe occidentale. La valeur des ordinateurs installés est de 3,4 milliards de F.

Ernst P. Billeter
Directeur de l’Institut pour l’Automation et la Recherche Opérationnelle de l’Université de Fribourg