18 juin 1979

Microclub, club lausannois des amateurs de micros, a pris son rythme de croisière

01 Informatique No. 545

Après l’engouement du départ, avec une pointe de 250 participants, Microclub, club lausannois des « fans » du microprocesseur, a pris son rythme de croisière avec une centaine de membres, Son jeune président, Alain Capt, a décrit pour « 01 hebdo » les orientations d’aujourd’hui et de demain.

« Nos membres ont des profils très divers, depuis le jeune étudiant bricoleur jusqu’au cadre de société. Ils se répartissent en fait en deux catégories. Il y a tout d’abord les amateurs bricoleurs, les plus jeunes. Il y a également ceux qui ont des buts plus professionnels et veulent connaître les possibilités du microprocesseur pour éventuellement en tirer profit dans leur entreprise, leur usine ou leur atelier. Parmi les premiers, par exemple, un groupe de radioamateurs cherche à utiliser le micro pour contrôler, décoder et analyser les signaux émis. Une autre possibilité est de conduire l’orientation de l’antenne pour qu’elle soit en permanence dirigée sur le satellite. »

Des travaux pratiques aux exposés

Assez unique en Suisse, où les clubs de micro-informatique sont pratiquement inexistants (1), Microclub a été favorisé dès le départ par le soutien logistique et pédagogique de l’École polytechnique fédérale et plus précisément par celui du vice-président du club, le Prof. Jean-Daniel Nicoud.

Chaque quinzaine, les membres se retrouvent dans les locaux du laboratoire des calculatrices digitales pour des séances de différente nature. Ce sera tout d’abord les « micromanips », sortes de travaux pratiques dirigés sur un thème précis et effectués sur les Dauphins et logidules de l’EPFL.

Les « microlabos » permettent aux plus aventureux de poursuivre telle ou telle expérience de leur choix avec l’aide des plus compétents, du président ou du vice-président.

Plus didactiques, et intercalés entre les séances de laboratoire, sont les exposés, conférences-débat, ou présentations et démonstrations de matériel par un constructeur.

« Nous avons fait un sondage parmi nos membres: 65% d’entre eux possèdent leur propre système. La plupart ont des micros développés à l’École surtout des Crocus et des Dauphins. Avec le dernier-né dé la ligne, le Smaky, ils possèdent aujourd’hui un outil beaucoup plus performant », explique en s’animant Alain Capt, qui est l’un des principaux artisans du développement actuel de ce micro-ordinateur. « Smaky est doté aujourd’hui d’un logiciel complet, soit un système d’exploitation avec contrôleur de minidisquette, Samos, et un éditeur assembleur résident Smile. Côté langage, il dispose d’un petit et d’un gros Basic et de Forth. »

Sur ce logiciel de base, on pourra désormais développer de petites applications commerciales, gestion de stocks, base de données médicales, etc.

Les utilisateurs de Smaky ont fondé leur propre groupe, le Smug (Smaky utilisateurs groupe), indépendant de Microclub. Les liens sont néanmoins évidents entre les deux associations, dans la mesure où les membres de Smug sont automatiquement les animateurs de Microclub qui bénéficie largement de leur expérience.

Un enthousiasme mitigé

Mais l’enthousiasme de l’ingénieur à propos de son outil favori voisine avec un certain découragement du jeune président. « Le rôle d’animateur est très ingrat. Ce sont toujours les mêmes qui fournissent les efforts. Notre tentative de concours pour développer une application sur micro destinée à aider les handicapés a dû être abandonné faute de répondant. »

Quant aux projets personnels d’Alain Capt, qui possède à Renens un atelier d’outillage de précision, ils sont liés au développement de Smaky. « Nous sommes très proches d’un véritable produit, commercialisable. Smaky est aujourd’hui fabriqué et distribué de manière artisanale (2). Nous songeons dès maintenant à l’étape suivante: la production dans un boîtier et la vente à plus grande échelle. »

Marielle Stamm

(1) Il existe pourtant un petit groupe de jeunes amateurs à Genève.

(2) Par la société Epsitec à Lausanne.