6 décembre 1976

Un ordinateur à l'école hôtelière: la toque et le clavier

01 Informatique No. 413

L’art de lier les sauces ou de composer un menu ne suffit plus aujourd’hui pour former un hôtelier accompli. L’École hôtelière de Lausanne en est consciente, puisque depuis plusieurs semaines ses élèves s’initient, parmi les autres disciplines de gestion et d’administration, aux secrets de l’informatique. Dans ce but, et aussi pour effectuer la gestion administrative de l’école, l’achat d’un ordinateur a été décidé dès 1975.

Un ordinateur à l'école hôtelière
Un ordinateur à l’école hôtelière

Après un appel d’offres auprès de 18 constructeurs, une telle abondance est symptomatique d’un utilisateur devant son premier choix, Digital Equipment a remporté l’affaire et livré, au printemps dernier, un PDP 11/40. Le fait que Fides ait été consulté pour effectuer la sélection, et ceci juste avant l’annonce officielle qu’elle devenait fournisseur OEM du matériel de DEC, explique dans une certaine mesure le choix. Quoi qu’il en soit, l’expérience du constructeur dans les problèmes d’enseignement ainsi que l’image de marque de DEC ont été déterminants pour l’utilisateur.

D’ailleurs le système, qui peut contrôler jusqu’à 16 terminaux (aujourd’hui, le système gère 6 terminaux à écrans VT52 et une imprimante LA 35), est sûrement mieux adapté aux besoins de l’école qu’un petit système de gestion classique.

Car l’ordinateur a, nous l’avons dit, une double vocation et servira à la gestion administrative et comptable ainsi qu’à l’enseignement.

L’administration

La gestion de l’école dépend de trois secrétariats aux tâches distinctes.

Le secrétariat général gère les dossiers des élèves depuis leur inscription avec enregistrement de leur curriculum vitae, jusqu’à la fin des études. Celles-ci sont compliquées par le fait qu’elles comprennent 4 semestres de cours dans l’école, entrecoupés par des stages dans des hôtels. Le suivi des élèves, en cours ou en stage, est donc indispensable. L’école accueille chaque année environ 800 élèves répartis sur 2 volées d’un semestre. Le secrétariat doit aussi veiller à ce que le pourcentage d’étudiants étrangers ne dépasse pas 49%, taux maximum imposé par la Confédération. Dans ce but, un programme de contrôle sera introduit dans le système.

Un deuxième secrétariat, celui de l’enseignement, a pour responsabilité la gestion des notes, la gestion des examens et l’organisation de l’emploi du temps.

Enfin, la comptabilité effectue le suivi des comptes, paiement de la scolarité, rappels, etc. Une société extérieure, Computime, assiste l’école dans l’élaboration de ces programmes.

Lorsque l’ensemble des travaux sera terminé, au début de l’année 1978, chaque secrétariat sera pourvu d’un terminal qui servira à l’introduction des données et l’interrogation.

L’enseignement

L’apprentissage de l’informatique apparaît au programme du dernier semestre d’études des futurs hôteliers, celui qui est réservé à la gestion et à l’administration. Chaque élève devra suivre 4 heures de cours, 2 de théorie et 2 de pratique par semaine, pendant 18 semaines. Les élèves, répartis par groupes de 12, apprennent à programmer en Basic, directement sur les écrans mis à leur disposition dans la salle de cours. Les programmes portent sur la matière de cours annexes, comme celui de planification technique où sont élaborées, par exemple, les prévisions du matériel nécessaire à un complexe hôtelier.

Les étudiants les plus motivés peuvent choisir l’option informatique. Ils développeront des programmes-produits qui seront utilisés par leurs camarades.

L’intérêt de l’outil ordinateur n’a pas échappé aux enseignants de l’école. Le professeur de comptabilité a développé, à l’aide du logiciel Decal, un programme d’enseignement programmé pour sa matière. Philippe Charlot, responsable du service informatique et professeur d’informatique à l’école, a mis au point un programme d’élaboration automatique des tests de surveillance des connaissances. Chaque élève reçoit un test différent de celui de son voisin. Plus moyen de copier sur son épaule.

Enfin, les grands prêtres de la cuisine eux-mêmes ne sont pas restés insensibles à l’appel de l’informatique. Un programme de planification des menus avec liste des ingrédients nécessaires et affectation des plats par catégories (cher, peu coûteux, etc.) selon les prix de revient, est en cours d’étude en collaboration avec le professeur de cuisine. Dans le complexe ultra-moderne de la nouvelle école, au Chalet à Gobet, l’alliance de la toque et du clavier est un mariage réussi.

Marielle Stamm