11 octobre 1976

Une maîtrise contestée

01 Informatique No. 405

Un mécontentement généralisé s’est installé chez les candidats vaudois victimes d’un échec à l’examen préliminaire à la maîtrise fédérale d’analyste en informatique, au mois de juin dernier. Leur mauvaise humeur s’est d’abord manifestée par l’intermédiaire de l’organisateur des Cours à Lausanne, P. Nicollier de la Société des Jeunes Commerçants, avant même que les résultats ne soient connus. Dans une lettre du 23 juin, adressée au Président de la Commission d’organisation des Examens, il s’est élevé vivement à la fois contre le contenu de l’examen et les conditions dans lesquelles se sont déroulées les épreuves. Depuis, trois recours ont été formulés par les candidats malheureux qui s’estiment les plus lésés.

Il semble que, sur bien des points, leurs protestations soient fondées. Qu’on en juge!

L’examen écrit de méthodologie de l’examen préliminaire portait sur des questions au programme de l’examen final. Il faisait appel à des connaissances relatives à des techniques purement IBM, selon l’avis même des candidats travaillant sur des systèmes IBM. Ce qui explique que les candidats lausannois formés par un professeur provenant d’un autre constructeur et n’ayant pas été familiarisés avec la méthode d’analyse IBM exigée à l’examen, ont eu une note éliminatoire dans cette matière.

Enfin la méthode de pondération inhabituelle en Suisse, du point négatif pour une réponse fausse, a été considérée comme très injuste.

Pour l’épreuve de programmation en Cobol, qui s’est déroulée dans les locaux des PTT à Berne, les conditions de travail ont été jugées désastreuses, temps d’attente trop long entre deux compilations étant donné le nombre de candidats, travail sur matériel IBM, déroutant et désavantageant à nouveau les candidats habitués à d’autres matériels.

Autre reproche formulé par un informaticien spécialisé dans les applications scientifiques et industrielles, les sujets ne portent que sur l’aspect gestion commerciale. La maîtrise devrait, soit proposer une option scientifique, soit s’intituler plus modestement maîtrise d’analyste en informatique de gestion commerciale.

Si les critiques concernant l’organisation même de l’examen ont été poliment réfutées par les responsables suisses allemands, elles ont toutefois suscité des réactions très positives chez les experts romands. Ils ont proposé que les épreuves de l’an prochain aient lieu en Suisse romande et que les candidats connaissent et utilisent la machine sur laquelle devra tourner leur programme.

Les difficultés concernant le contenu des examens paraissent plus difficiles à résoudre. Les directives inscrites dans le règlement des examens sont très vagues et malgré des demandes répétées des professeurs aux responsables de la commission technique des examens, aucune précision ne leur a été apportée. Il n’existe, notamment, aucune bibliographie indispensable pour des matières comme la méthodologie.

Il est bien évident que la mise sur pied d’une formation à la maîtrise d’analyste en informatique a été beaucoup plus difficile en Suisse romande, dans la mesure où il a fallu créer en peu de temps toute une infrastructure de formation. En offrant des cours accélérés, la société des Jeunes Commerçants à Lausanne, vient de payer sa hâte. Plus prudents, les Cours Commerciaux de Genève ont offert un cours étalé sur deux ans dont les résultats sont attendus en 1977.

A Zurich, la situation est différente. Des Instituts privés dispensent depuis de longues années, un enseignement coûteux que vient enfin couronner un diplôme, depuis l’institution de la Maîtrise fédérale. De là à dire que les examens ont été calqués sur cet enseignement, ce qui favoriserait nettement les élèves de ces instituts, il n’y a qu’un pas. Mais cette affirmation est-elle si gratuite? Les candidats malchanceux n’ont-ils pas reçu dans l’enveloppe officielle leur apprenant leur échec, une publicité pour s’inscrire aux Cours de ces mêmes Instituts? Ce n’est peut-être pas alors un pur hasard si le taux de réussite y est élevé.

Quoi qu’il en soit, les romands tirent la leçon de leurs échecs. A Lausanne, les cours ne recommenceront qu’en janvier. D’ici là, une réunion entre les professeurs et les experts est prévue. Pour définir de manière précise le programme général des cours et mettre sur pied en commun le matériel nécessaire au support des cours. C’est sans doute par là qu’il aurait fallu commencer.

Marielle Stamm